#MeToo du cinéma français : les larmes de Juliette Binoche

L’actrice française, qui témoignait sur France Inter d’abus subis au cours de sa carrière, a été gagnée par l’émotion à l’évocation du soutien tardif des hommes de la profession.

L‘émotion perce au moment où on ne s’y attend plus. La semaine dernière, Juliette Binoche avait apporté sa pierre à l’édifice du #MeToo français en révélant dans un témoignage à Libération que sa carrière exceptionnelle avait été parsemée d’humiliations et d’agressions sexuelles.

Sur France Inter, ce mercredi 1^er mai, l’actrice internationale reprenait le décompte de ces délits répugnants, dans un discours maîtrisé, maintes fois répété, dont elle connaissait chaque ligne. Puis vient une question de Léa Salamé sur la tribune de « soutien aux victimes de #metoo » signée par cent hommes, et publiée quatre jours après son témoignage par le magazine ELLE.

« Ah ben ça fait du bien. Enfin, enfin ! » lance Juliette Binoche avant que sa voix ne se brise. « Parce que ce n’est pas possible qu’il n’y ait que les femmes qui parlent. Si ce n’est pas reconnu, ça n’existe pas. Toutes les femmes attendent ça. » La veille déjà, dans l’émission Clique TV sur Canal+, Juliette Binoche avait été gagnée par l’émotion. Pas en racontant un casting inepte et humiliant ou l’agression sexuelle subie à l’âge 7 ans. Mais en citant le mot de soutien reçu du réalisateur Christophe Honoré : « Tu n’aurais pas dû vivre ça. »

« Moi, je suis forte », assurait-elle sur Canal+ pour expliquer qu’elle n’avait oublié aucun de ces abus mais n’avait pas été brisée. Sa filmographie comme sa capacité de résilience en témoignent. Et c’est au moment où, enfin, des hommes reconnaissent sa douleur, que Juliette Binoche fend l’armure et laisse paraître sa vulnérabilité. Dans Libération, elle se souvient du mantra de ses débuts face à la « violence d’un Pialat ou d’un Godard » : « Fais de cette solitude un art. » L’actrice sort aujourd’hui de cet isolement. Et demande aux hommes d’être à ses côtés.