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Juliette Binoche dénonce les abus sexuels dont elle a été victime dans sa carrière

Juliette Binoche aux César en février 2024.
Juliette Binoche aux César en février 2024. © Marechal Aurore / ABACA
La Rédaction

Juliette Binoche a révélé avoir été victime de harcèlement et d’agressions sexuelles dans une interview accordée à « Libération ».

Dans une interview accordée à « Libération » ce samedi 27 avril, Juliette Binoche a révélé avoir été victime de harcèlement et d’agressions sexuelles étant plus jeune. Tout a commencé au début des années 1980, alors qu’elle était âgée d’une vingtaine d’années. L’actrice française joue dans « Liberty Belle » de Pascal Kané quand celui-ci l’invite à dîner pour lui parler d’un projet.

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« Alors qu’il me désigne la vue sur le front de Seine, il se jette sur moi pour m’embrasser. Je l’ai repoussé vigoureusement : "Mais j’ai un amoureux !" Je n’en revenais pas. » Elle ajoute : « J’avais quelques repères de méfiance, une première fois pour avoir été touchée par un maître d’école à 7 ans qui m’apprenait à lire en caressant mon sexe derrière son bureau devant la classe. »

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Un « méli-mélo de répliques perverses »

En 1984, Juliette Binoche obtient un petit rôle dans « La Vie de famille » de Jacques Doillon, avec Sami Frey. « Doillon, c’était une référence pour les actrices de ma génération. Sur place, tout de suite, je devais retirer ma robe tee-shirt dès la première scène en hurlant. J’étais cap, c’est ce qui comptait. Pas consciente du méli-mélo de répliques perverses, trop émue d’avoir été choisie face à Juliet Berto, ma mère dans le film. »

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Rétrospectivement, l’actrice perçoit d’un mauvais œil certaines répliques que lui adresse son beau-père dans le film. « [Elles] font froid dans le dos : "Ta mère veut que je t’aime. Elle rêve que nous fassions l’amour ensemble. Alors je vais t’aimer." Pas sûre d’avoir compris ces répliques à l’époque. J’ai pourtant gardé un bon souvenir de ce tournage. »

Elle évoque ensuite le choc de Sami Frey et de sa mère provoqué par un gros plan de son pubis avec la tête de Lambert Wilson dans « Rendez-vous » (1985) d’André Téchiné. « J’avais assimilé les exigences du tournage : froid, nudité, humilité. Et parfois humiliation. J’acceptais tout avec fougue. À chaque fois qu’on tournait une scène de sexe, le producteur [Alain] Terzian s’installait devant sur le plateau avec son gros cigare à la bouche. Mais sa présence ne pouvait entamer ma ferveur, j’étais trop occupée à tourner les scènes difficiles qui m’attendaient : me faire cracher dessus, mimer une pipe et prétendre faire l’amour sur des escaliers. »

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Le viol d'une figurante

C’est d’ailleurs sur ce tournage que Juliette Binoche est victime d’un geste qu’elle préfèrerait oublier. « Une main, tandis qu’on tournait, est venue me toucher subitement le sexe. On ne m’avait pas prévenue, et encore moins demandé mon accord. J’étais stupéfiée. Mais je n’ai pas été capable de le dire. Je n’ai jamais su si cette main provenait d’une demande du metteur en scène, ou si c’était l’acteur qui avait pris cette liberté et je n’ai pas trop envie de le savoir. »

Elle a raconté que Philip Kaufman, le réalisateur de « L’insoutenable légèreté de l’être » (1988) était entré dans sa caravane pour la peloter. « Je l’ai repoussé, il n’a pas insisté. Lena Olin, qui tenait l’autre rôle féminin, m’a dit qu’elle avait eu droit aux mêmes tentatives. » Onze ans plus tard, elle dit avoir assisté au viol d’une figurante par un acteur dans « Les Enfants du siècle » au cours d’une scène d’opium dans un bordel. « J’ai aperçu la jeune femme partir sonnée une fois le tournage terminé, comme si elle avait reçu un coup de poing. J’avais la haine. Cet acteur est mort aujourd’hui. »

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