La parole se libère enfin. Depuis le mouvement #MeToo qui a émergé aux Etats-Unis avec le producteur Harvey Weinstein, les victimes osent désormais parler. Pendant de longues années, certains ont souhaité mettre en lumière des agressions sexuelles commises dans le monde du cinéma mais les grands de ce milieu étaient toujours protégé. L'omerta est aujourd'hui quasiment finie et les victimes n'ont plus peur de parler. Cela a notamment été le cas de Judith Godrèche qui a fait un discours bouleversant lors de la 49ème cérémonie des César pour dénoncer le silence du monde du 7ème art.

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Alors qu 'elle était en couple avec le réalisateur Benoît Jacquot, celle qui a également porté plainte contre Jacques Doillona pointé le silence de tout le monde alors qu'elle n'avait que 14 ans, lui 39. « C’est compliqué de me retrouver devant vous tous ce soir. Vous êtes si nombreux. Mais, dans le fond, j’imagine qu’il fallait que ça arrive. Nos visages face à face, les yeux dans les yeux. Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous ? Que dites-vous ? Un chuchotement. Un demi-mot ».

Juliette Binoche brise l'omerta 

Après cette prise de parole, d'autres ont trouvé le courage de s'exprimer. Et cela a été le cas de Juliette Binoche. L'actrice et mère de famille a accordé un entretien à nos confrères de « Libération » ce samedi 27 avril 2024 et est revenue sur les agressions sexuelles et le harcèlement subi tout au long de sa carrière. Elle se souvient notamment de l'un de ses premiers films, Liberty Belle. « Alors que Pascal Kané me désigne la vue, il se jette sur moi pour m'embrasser. Je l'ai repoussé vigoureusement [...] Je n'en revenais pas ». 

Malheureusement, il n'est pas le seul réalisateur qui a eu un comportement déplacé envers elle. Jean-Luc Godard également : « Me déshabiller, tourner autour d'une table toute nue en lisant un poème tout en me peignant les cheveux pendant qu'il filme. Il était souvent demandé de se déshabiller pour passer un casting. Je m'exécutais ». Malgré tout cela, Judith Godrèche ne veut pas arrêter le cinéma. « Toutes ces blessures provoquent une rage, une révolte. Les coups bas, les gestes déplacés, les remarques sexistes : je ne les oublie pas, elles empoisonnent la vie, mais elles restent secondaires. Au fond, tout est pardonné. Tout est transformé, tout m'a sculpté. Je suis soulagée de voir et d'entendre les témoignages de femmes et d'hommes qui osent exposer les abus qu'elles et qu'ils ont subis. Ce n'est pas facile d'exposer sa vie intime, et nous devrions tous les remercier.»