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Après deux ans sans pow-wow, les Atikamekw se retrouvent au son du tambour
À 5 heures de route de Montréal se tenait ce week-end un événement qui n’est pas un spectacle. Le pow-wow de Wemotaci n’avait pas eu lieu depuis deux ans et les gens qui s’y sont rencontrés sont venus guérir autant que danser. Incursion en terre atikamekw.
Enfin, les chants traditionnels et les tambours résonnent à nouveau dans la forêt de Wemotaci, samedi et dimanche. Deux ans sans tambours, c’est long
, lâche Madeleine Basile depuis le domaine Notcimik qu’elle a commencé à bâtir en 1984 avec son amoureux de toujours, Alain Castonguay.
Cette année, ce n’était pas prévu qu'Alain vienne au pow-wow de Wemotaci, la communauté d’origine de Madeleine. Cet homme occupé qui ne s’arrête jamais – et qui a assisté à de nombreux pow-wow à Wemotaci, dont le premier en 1997 – s’est finalement laissé convaincre par sa femme.
C’est un moment rassembleur et de retrouvailles pour les gens du coin
, raconte Madeleine, alors qu’elle s'assoit au côté d’Alain, sur les estrades qui encerclent l'arène de danse.
Le coin
, c’est le territoire des Atikamekw qui compte les communautés d’Opitciwan, Manawan et Wemotaci.
La majorité des gens présents viennent de là, mais ils sont nombreux à s'être déplacés de plus loin encore, comme de Maniwaki, d'Odanak ou de l’Ontario.
Certains ont même fait le déplacement depuis le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, raconte le coordinateur de l'événement, Ayâmi Chilton.
Les gens avaient hâte. C’est un rassemblement qui va nous donner l’énergie nécessaire avant l’automne et l’hiver. Il va peut-être donner une lueur d’espoir
, dit M. Chilton.
Un pow-wow, c’est l’occasion de repartir avec de bonnes vibrations, de bonnes énergies
, rappelle Mary Coon, une aînée, lors de son discours d'ouverture.
La découverte des tombes d'enfants non marquées ainsi que la mort de Joyce Echaquan ont récemment laissé une cicatrice supplémentaire dans l'âme autochtone. C'est la raison pour laquelle un mât a été planté au centre du cercle de danse.
Tous les participants peuvent y nouer trois rubans de couleurs, rouge pour la couleur originelle des Autochtones, orange pour les enfants et violet pour Joyce.
Au milieu du rond d’herbe fraîchement coupée, on saupoudre du tabac avant que les danseurs ne fassent leur grande entrée. Une odeur de sauge flotte dans l’air.
Tout le monde se tait lorsqu’enfin les tambours de Black Bear – groupe principal de l'événement – résonnent. Les chants traditionnels suivent rapidement et créent cette atmosphère d’une puissance incroyable qui donne la chair de poule.
Langage universel
Ces hommes et ces femmes parlent tous la même langue, celle de la danse, et ce, peu importe leur Nation. Les plumes de leur regalia fouettent l’air, les rubans virevoltent, les clochettes tintent. Les couleurs de leurs apparats fendent le bleu du ciel. Les mocassins qui foulent le sol soulèvent de petits nuages de poussière.
Une danseuse venue de l’Ontario explique qu’elle a mis un mois – sans s'arrêter – à confectionner sa magnifique regalia, cette tranche de son identité. Il faut s'approcher pour en observer les détails minutieux. Des perles de couleur brodées, des motifs cousus, des plumes élancées...
Lorette Boucher, cette résidente de la communauté de Wemotaci, est elle aussi très fière du sien.
Elle se présente comme une danseuse traditionnelle et tient à sa pochette qui l'accompagne. Dedans, il y a du tabac, du foin d'odeur, du cèdre et de la sauge. C'est ce qu'avaient les femmes sur elles lorsqu'elles apprêtaient le gibier
, dit celle qui a pris goût à la danse en 1999.
Des Québécois sont aussi venus découvrir les traditions autochtones. Leur présence est d’ailleurs soulignée par Ayâmi Chilton. C’est comme ça que des barrières sont brisées
, dit-il, au lancement des festivités.
Wemotaci fêtera son 25e pow-wow l’année prochaine, cette tradition venue des États-Unis et pleinement adoptée par les Premières Nations d’ici. La nouvelle génération est en tout cas prête à reprendre le flambeau.
Ces enfants si chers aux Atikamekw savent à peine marcher, mais ils impressionnent le public. Ils ont déjà le rythme au bout des pieds.